Les conseils de janvier 2023 ; L'Abeille Noire

Les apiculteurs en ce début d'année vont commencer tout doucement à préparer leurs colonies pour qu'elles soient capables de faire les premières récoltes de l'année. En ce moment au rucher c'est assez calme la reine va peut-être recommencer à pondre bientôt, tout dépend de la météo et de l'avancée des floraisons. Quoi qu'il en soit le premier pollen qui va rentrer sera celui de noisetier. Ce n'est pas le plus riche des pollens au niveau protéines, le noisetier est une plante anémophile (dont le pollen est dispersé par le vent), hors, la plupart des abeilles recherchent le pollen des plantes entomophiles (plantes qui ont besoin des insectes pour féconder les fleurs). Cela dit, étant donné que c'est pratiquement le seul pollen qui se rencontre dans la nature, les abeilles vont le chercher là où il est. Hormis celui de certains cyclamen, perce-neige et crocus qui vont commencer, sans oublier quelques Viburnum et lauriers thym ou encore Mahonia, la saison est encore pauvre en nourriture pour nos abeilles.

À cette période de l'année nous préférerions, pour la santé de nos abeilles, avoir des températures basses voire nettement négatives. C'est sûr qu’au niveau énergétique pour nos foyers cela nous arrange qu'il ne fasse pas trop froid, cependant pour les abeilles et la nature en général ce froid est nécessaire. En effet à cette période de l'année dès que les températures dépassent les 8°C, il n'est pas rare de voir les abeilles sortir faire leur vol de propreté. Ce vol de propreté n'est pas toujours sans risques pour les abeilles. Quand le vent souffle et qu'il ne fait pas suffisamment chaud, beaucoup de ces abeilles quittent définitivement la ruche et n'arrivent jamais à revenir. Cela porte préjudice à la colonie qui voit diminuer sa masse d'abeilles et donc augmenter assez conséquemment la consommation de ses provisions. Il ne faut pas oublier que moins il y a d'abeilles plus il y a de consommation de réserve car l'énergie dépensée pour chauffer est plus conséquente car la masse thermique de la grappe est moins importante et tend à se refroidir plus vite. 

Autre point à considérer, c'est que la colonie doit être dans une ambiance très calme. Le moindre dérangement de la colonie fait que les abeilles quittent la grappe pour voir ce qui se passe dehors. Cela fait partie de leur mécanisme de défense que d'aller au-devant d'un éventuel danger. Bien sûr, dans ce cas, températures froides et sorties des abeilles ne font pas bon ménage. Cela peut-être une branche qui frotte sur la ruche, une touffe d'herbes séchées, de petits animaux comme des rongeurs ou encore des oiseaux qui viennent s'attaquer aux ruches ou ruchettes en bois ou même en polystyrène. Afin d'éviter qu'ils ne s'intéressent trop aux ruches, n'oubliez pas de nourrir ces oiseaux. Ils ont un grand besoin d'énergie eux aussi pour l'hiver si vous détournez leur attention par un buffet bien garni, ils auront moins tendance à venir chercher leur nourriture aux dépens de vos abeilles. Il existe aussi certains bricolages à faire comme de placer du grillage autour des ruchettes ou des animaux factices aux abords du rucher (pic-vert en résine, …).

Attention, si janvier est trop chaud, l'élevage peut redémarrer et le couvain se reformer. Même si la noire est prudente de nature en ce domaine à cette époque, les réserves pourraient diminuer plus vite si celui-ci reprend.

Il en va de même si l'activité de la colonie engendre plus de sorties hivernales...

Quand je vous dis que pour la santé de nos abeilles, nous préfèrerions voir des températures basses voir nettement négatives...

Pour ceux qui n'ont pas encore fait leur traitement hivernal il est vraiment temps de se décider à le faire.

Profitez d'une journée calme si possible, ensoleillé, quand il fait 5 à 10°C de température. Vous pouvez faire votre traitement à base d'acide oxalique ou de Varromed. Ce ou ces traitements si vous voyez qu'au premier il y a beaucoup de cadavres de varroas, va permettre à la colonie de partir sur des bases saines pour la saison.

N'oublions pas qu’un Varroa en début d'année se reproduira de manière exponentielle pour se retrouver à près d’une centaine à la fin de la saison. Plus on en élimine en début d'année et mieux se portera la colonie pendant le reste de la saison.

Lorsque vous aurez effectué votre premier traitement pas besoin de compter les Varroas sur le plancher. Si vous estimez qu'il y en a beaucoup, traitez une deuxième fois, une semaine plus tard, et comme ça vous serez bien plus tranquille. À l'œil on peut très bien estimer s'il y a beaucoup de varroas ou peu. Avec ce traitement oxalique hivernal vous limitez les pertes de colonies en saison ou en fin de saison.